Pour une nouvelle approche du phénomène ovni

 

" La meilleure preuve qu'il existe des êtres intelligents dans l'univers, c'est qu'aucun ne soit venu nous rendre visite. " (citation tirée de la série comique  Calvin & Hobbes  de Bill Watterson)

Science et ovnis

 

Le paradoxe de Fermi

 

" Mais où sont-ils donc ? ", c’est la célèbre saillie de Fermi. Elle a donné naissance à ce que l’on appelle désormais le " paradoxe de Fermi " que l’on pourrait exprimer en ces termes :

"L’existence de civilisations extraterrestres avancées est fort probable. Cependant, si elles existaient, elles devraient disposer des techniques les dotant de la maîtrise de l’espace. Elles auraient alors nécessairement entrepris l’exploration de la galaxie. Nous devrions donc avoir déjà rencontré leurs sondes, leurs véhicules et leurs représentants. Or, malgré les efforts déployés (programmes SETI de recherche d’intelligence extraterrestre), nous ne voyons rien, nous n’avons aucun indice."

Pour les scientifiques disposés à croire à la vie extraterrestre et à la possibilité qu’elle puisse produire des civilisations avancées, le paradoxe de Fermi apporte la preuve que, contre toute attente, ces civilisations n’existent pas et que nous sommes, du moins pour le moment, seuls dans l’univers à vouloir communiquer avec d’autres êtres intelligents.

Le paradoxe repose sur la négation du phénomène ovni en tant que manifestation extraterrestre. Les ufologues eux-mêmes sont partagés. Les Nord-américains sont en majorité convaincus de la nature extraterrestre des ovnis. Les Européens sont plutôt sceptiques, voire incrédules, notamment les Français que rend méfiants le cartésianisme en présence d’une information dépréciée.

 

La crédibilité de chaque manifestation ovni prise isolément

 

Pour que la manifestation isolée d’ovni accède au statut d’objet scientifique, il lui faudrait répondre à l’une au moins des deux conditions suivantes : le respect de la méthode expérimentale et la compatibilité avec les lois connues de la nature. Elle ne répond fâcheusement à aucune des deux.

Les détracteurs ne se privent pas de rappeler que l’ovni survient sans prévenir, sans que l’on puisse mettre en place les moyens d’observation et de mesure qui le donneraient comme certain.

En effet, ce qui est connu, ce que l’ufologie est en état d’étudier, ce ne sont pas les ovnis eux-mêmes, mais les témoignages relatifs aux ovnis.

Or les témoignages inspirent la suspicion. Ils proviennent de personnes qui ne détiennent aucune légitimité scientifique, parce qu’elles sont soupçonnées de supercherie, qu’elles n’ont pas une culture suffisante, et quand bien même l’auraient-elles, elles ne sont pas en situation de recueillir les données d’observation avec toute la rigueur exigée par la méthode expérimentale.

Certes, les statistiques sur les témoins montrent qu’ils sont à l’image du reste de la population. Les examens psychologiques et psychiatriques établissent, à de rares exceptions près, que leur sincérité ne peut être mise en cause et qu’ils sont convaincus d’avoir vécu le récit qu’ils rapportent. Chez quelques-uns, l’état de frayeur et les troubles psychiques qu’ils montrent dans les heures suivant leur expérience ne laissent aucun doute sur la réalité et l’ampleur d’un violent choc émotionnel.

De surcroît, les effets physiques qui persistent après le départ de l’ovni, notamment les enregistrements des détections radar, les photographies, les traces sur le sol et la calcination de la végétation, tendent à montrer la matérialité de l’événement.

Mais la sincérité des témoins et les effets physiques rémanents ne sont pas des preuves directes. Une manifestation prise isolément n’est jamais avérée, puisqu’elle n’est pas observée selon les normes rigoureuses de la méthode expérimentale et qu’elle n’est pas reproductible.

Cela est encore plus vrai dans le cas des rencontres rapprochées du quatrième type, dont les récits ne sont pas issus de la mémoire consciente du témoin, mais restitués pendant des séances de régression sous hypnose.

Lorsque l’on sait que l’hypnose permet toutes sortes d’ affabulations et que les récits sous hypnose mêlent des événements véridiques et des projections issues de l’inconscient collectif, de l’inconscient de l’hypnotiseur et de celui du patient, on est en droit de douter de la fiabilité de cette catégorie et de la possibilité de tirer le moindre enseignement de son étude statistique.

D’autre part, les faits rapportés, quelle que soit la catégorie à laquelle ils appartiennent, lumières nocturnes, disques diurnes ou rencontres rapprochées, sont incompatibles avec les théories scientifiques actuelles et leurs applications, qu’il s’agisse des sciences physiques ou des sciences humaines. En effet la cinématique de l’ovni est contraire aux lois de la mécanique, ses mutations de forme et de dimensions à la topologie d’un espace euclidien, les interférences sur le fonctionnement des véhicules automobiles aux lois de

l’électromagnétisme et les déplacements en apesanteur de ses occupants à la gravité terrestre.

De même, la paralysie qui atteint les témoins au moment des rencontres des troisième et quatrième types ne reçoit aucune explication physiologique raisonnable.

En bref, l’ovni n’est pas crédible en tant qu’objet scientifique. Pour la science il n’est jamais démontré.

 

La crédibilité du phénomène OVNI dan son ensemble

 

C’est par la loi des grands nombres que le phénomène devient incontestable.

D’un point de vue statistique il est donc avéré.

Cependant, l’abondance des observations soulève un problème encore plus délicat que la fragilité des témoignages individuels. C’est en fait à une surabondance de cas que nous sommes confrontés.

Un sondage de l’institut Gallup chiffre à cinq millions le nombre d’américains confessant, dans l’anonymat, avoir observé un ovni. Une enquête effectuée par la Roper Organization, portant sur un échantillon représentatif de 6000 adultes, a cherché à déterminer le nombre d’Américains susceptibles d’avoir été enlevés. Elle aboutit au nombre ahurissant de 3 700 000 enlevés potentiels, c’est-à-dire répondant à au moins quatre des cinq critères répertoriés comme étant significatifs d’un enlèvement (paralysie, amnésie, apesanteur, observations de lumières nocturnes, cicatrices inexpliquées).

Au fil des ans, le phénomène ovni gagne en complexité, qui frise aujourd’hui l’absurde, et en probabilité, qui tend vers une quasi-certitude. Plus le temps s’écoule, plus il devient éclatant et moins il devient compréhensible.

Tandis qu’il apparaît patent qu’une intelligence le sous-tend, tout se passe comme si elle faisait en sorte que nous soyons gagnés par la certitude du phénomène sans nous donner la moindre chance de le comprendre jamais.

 

 

Médias et ovnis

 

Les médias sont confrontés à une difficulté apparemment rédhibitoire. Insolite et provocant, le phénomène ovni ne ressortit pas à leur mission d’éducation qui s’appuie nécessairement sur des faits avérés reconnus par la science. Inconsistant, dépourvu d’unité et de régularité, entaché de suspicion, polymorphe, discret, furtif et brouillé, il s’inscrit difficilement dans leur mission d’information et de défense de la libre expression car il suscite des querelles sans fin et oiseuses qui découragent les témoins de se faire connaître et les journalistes d’enquêter en toute objectivité.

 

 

Polémologie et ovnis

 

Ce qui fait défaut aux médias et aux hommes de science, physiciens et sociologues, qui s’appuient sur le paradoxe de Fermi pour contester l’existence de civilisations avancées, ou pour la nier, qui persistent à dénier aux ovnis un intérêt heuristique, c’est une culture polémologique, c’est une connaissance de la stratégie du renseignement, basée sur la désinformation et l’intoxication.

Il est manifeste que les stratèges extraterrestres, contraints par la nécessité absolue d’écarter tout risque ethnocidaire, ont bâti une stratégie reposant sur ces deux principes.

Il serait instructif de confier à des officiers élèves d’une école supérieure de guerre (en France, le Collège interarmées de défense) un exercice d’état-major consistant à concevoir la stratégie optimale qui permettrait d’infiltrer à son insu une société extraterrestre.

Parions qu’ils préconiseraient la désinformation et l’intoxication et, partant, le polymorphisme, la furtivité, la discrétion et le brouillage.

Que les rédacteurs du rapport COMETA, qui ont ouvertement conclu à la nature extraterrestre des ovnis, soient tous anciens auditeurs de l’Institut des hautes études de défense nationale, n’est donc pas fait pour nous surprendre.

 

 

Pour une évaluation détournée de l’interprétation extraterrestre des ovnis

 

Nous sommes en présence d’un phénomène dont l’existence globale ne peut être niée en raison de la multitude des témoignages, mais dont la complexité et l’incongruité invitent à le rejeter en bloc.

Qu’il soit issu de notre inconscient scientifique ou qu’il soit le fait d’intelligences extraterrestres, il a pris une telle ampleur qu’il n’est plus permis de l’ignorer, malgré des apparences parfois terrifiantes et absurdes.

Pour échapper à ce dilemme, il faut sortir des sentiers battus, déplacer le cœur des débats et attaquer le sujet sous un nouvel angle.

Il faut délibérément faire abstraction des ovnis et appliquer la méthode des officiers d’état-major, consistant à se mettre virtuellement à la place de " l’ennemi ", en l’occurrence des extraterrestres qui auraient pris la Terre pour champ d’observation.

Il faut interroger des stratèges en géopolitique, des militaires, des spécialistes du renseignement, des ethnologues, des sociologues.

Il faut éviter les astronomes, qui se comportent trop souvent en propriétaires du ciel (particulièrement M. André Brahic qui ose prétendre qu’aucun scientifique n’accorde foi à ces âneries), les psychologues, toujours enclins au psychologisme, qui portent leurs investigations sur la psychologie des témoins plutôt que sur l’examen objectif des phénomènes physiques observés, et les biologistes réductionnistes, qui ne voient dans la vie qu’un accident du hasard.

Une telle méthode, si elle était appliquée, amènerait une multitude de questions. Les êtres biologiques extraterrestres doués d’intelligences, s’ils existent, ont-ils une physiologie semblable à celle de l’homme ? Vivent-ils en sociétés organisées ? Erigent-ils leurs sociétés en civilisations ? L’invention est-elle, comme chez l’homme, le moteur principal de leur évolution sociale ? Quelle est leur éthique ?

Dans l’hypothèse où une civilisation avancée aurait acquis la maîtrise du voyage spatial, quelle mission, eu égard à son éthique, assignerait-elle à ses explorateurs ? Quelle stratégie ces derniers adopteraient-ils pour remplir leur mission ? Quelle procédure d’approche appliqueraient-ils ? Quels signes et quels indices seraient-ils contraints d’abandonner ? Est-il possible d’émettre une hypothèse sur une probable sémiologie d’une intrusion extraterrestre ?

Les autorités interrogées proposeront des réponses qui auront le mérite, fussent-elles contradictoires, d’offrir des développements singulièrement féconds, de formaliser les pensées, d’ordonner les idées, de mettre au rebut les sempiternelles et stériles querelles entre les tenants des ovnis et leurs opposants.

Il restera alors à comparer la sémiologie extraterrestre estimée de cette manière avec la sémiologie ovni observée.

Gilles Pinon

 

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Gilles Pinon, Contre-Amiral (2s), est l’auteur d’un ouvrage (" Fátima, un ovni pas comme les autres ? " ; éditions Osmondes) qui présente une théorie, au sens d’une construction méthodique à caractère hypothétique, qui traite précisément de stratégie extraterrestre. Il s’appuie sur un raisonnement de forme syllogistique. Il établit une forte analogie entre la sémiologie de la danse du soleil et celle des ovnis de la catégorie des disques diurnes. Il montre que Fátima est en réalité l’archétype des manifestations ovnis. Après une évaluation détournée de l’interprétation extraterrestre du phénomène ovni, en application de la méthode présentée dans cet article, il soutient que de toutes les interprétations elle est de beaucoup la plus plausible. Il en conclut que Fátima est, selon toute vraisemblance, le premier stade d’une stratégie extraterrestre de préparation à un contact futur, rendue nécessaire par notre imminent accès au statut de civilisation interplanétaire et consistant à éveiller graduellement les consciences par un subtil processus d’apprentissage.

 

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